(2017) shine bright like a diamond /daniel

aujourd’hui, t’as pas la grande forme. même qu’aujourd’hui, t’as passé une bonne partie de la journée au lit, mais maintenant que le soleil dégringole dans le soleil et que midi est passé depuis longtemps, t’as le ventre qui gargouille. encore, puis encore, puis encore jusqu’à ce que tu roules des yeux et daigne enfin sortir d’entre tes couvertures pour enfiler des vêtements. des leggings noir simple, une trop longue camisole rayé blanche et bleue, une veste grise ouverte avec une capuche, des mocassins ultra confortable, voilà ce que t’enfiles avant de descendre les escaliers d’la maison à vitesse de tortue. t’as l’moral dans les chaussettes mais tu sais aussi qu’il n’y a rien pour toi dans l’frigo. tout prend de la préparation et t’as pas d’énergie à t’faire à manger, tu préfères prendre une éternité à t’rendre à un petit resto près d’l’eau, où tu pourras manger une fraîche salade garnie de homard pêché le matin même. juste à y penser, y’a la bave qui lui monte à la bouche. elle est toute seule à la maison, ça lui dérange pas et elle doit souvent rappeler aux autres darcy qu’elle peut se débrouiller toute seule. qu’elle est pas encore morte, même si aujourd’hui elle le souhaiterait presque. parce qu’aujourd’hui, elle aurait pas dit non à un peu d’compagnie, à un peu d’vie dans la maison dégarnie et bien trop silencieuse. puis tu vas même pas au resto pour te trouver de la compagnie, tu vas t’installer à une table bien au fond, près d’l’air frais et manger tranquille, avant de revenir t’échouer dans ton lit tranquille. c’est le plan, jusqu’à ce que t’arrives sur place, que tes yeux bleus glacés fasse le tour et tombe sur – sur daniel burr, et qu’ton palpitant manque un battement. après il s’excite dans une chamade acharnée, et tes jambes te porte toutes seules jusqu’à la table où il est installé. « mr. burr? » que tu demandes d’une voix légère, des étoiles plein les yeux, tout ton mal-être d’auparavant envoilé d’un coup. t’es comme ça, mais t’imagines que c’est le cas pour tout l’monde, quand on rencontre quelqu’un de connu qui nous fait vibrer. elle a suivit sa carrière, impressionnée de le voir devenir grand dans une grande ville, un gars qui vient d’ici. quelque chose qu’elle aurait aimé faire, avant, quand elle pouvait encore jouer, avant d’être condamnée. « pardon, j’veux pas vous déranger, c’est juste que… j’suis une grande fan, et j’me devais d’au moins venir vous saluer. » elle se demande s’il va se souvenir d’elle, qu’il va se souvenir l’avoir félicité après l’avoir entendu jouer, quand elle vivait encore dans l’illusion d’un jour aller quelque part. qu’importe, là, elle le regarde un peu gênée, un grand sourire aux lèvres.

Daniel avait fini par se réhabituer a la vie de petite ville. Du moins, presque. Il avait fini d'aménager dans la nouvelle maison qu'il avait pu se permettre de louer, avait passé du temps avec ses parents, comme promis. Et puis, il avait fait le tour de la ville, plusieurs fois. Peu de choses avaient changer. Il n'était même pas parti deux ans, après tout. Rien ne semblait différent, hormis lui. Lui n'était plus le même, il était même bien différent de l'homme qu'il a laissé en qu'il a laissé en partant à New-York. Mais il aime ça, être de retour à Rockland, à ses racines. Ça lui permet de garder les pieds sur terre, de ne pas prendre la grosse tête. Il avait finalement opté pour un déjeuner en ville, ce jour-là. Seul, comme ça avait toujours été le cas, hormis à New-York, car il y avait toujours quelqu'un de la troupe prêt à sortir. Une fois installé à une table pour deux, une légère angoisse le rattrapa. Quelque chose qu'il avait, à ce qu'il s'en souvient, toujours évité. Trente-cinq ans, toujours célibataire. Incapable de s'encrer dans une relation amoureuse stable. Incapable de ressentir, peut-être même. Du moins c'est ce qu'il avait fini par se dire, puis il s'en était convaincu lui-même. Il jeta un coup d'oeil autour de lui, où la plupart des tables étaient occupées par des couples de tout âge. Il prit place, attrapant le menu afin de se changer les idées. Il ne resta pas longtemps seul à se poser mile et une questions totalement ridicules, car il entendit rapidement son nom. Relevant directement la tête du menu, il se retrouva face à face avec une jeune femme, légèrement familière, même s'il était incapable de se souvenir pourquoi. Il lui sourit légèrement, voulant paraitre poli. C'était une fan, apparement. Il ne savait même pas qu'il avait des fans à Rockland. Pour lui, à Rockland, c'était juste Dani, le fils d'Henry Burr, rien de bien spécial. Mais visiblement, il était bien le seul dans cette optique là. — T'as eu raison de venir me voir, alors. Ça fait toujours plaisir. La sensation de familiarité ne le quittait pas. Il était certain de la connaitre de quelque part. Pas de New-York ou d'un réseau social où il aurait vu sa photo, comme pour la plupart de ses fans. Non, c'était bien plus précis que ça. Il continua de réfléchir quelques secondes avant que ça le frappe finalement. Il posa directement son menu sur la table, avant d'enchainer, la voix surprise mais ravie. — Lola ? La petite pianiste, c'est ça ?

c'pas sorcier la vie, même si plus souvent qu'autrement, ça serait plus facile d'la vivre avec une baguette magique entre les doigts, comme harry potter et ses amis. aujourd'hui t'aurais fait venir comme par magie quelques plats exotiques, ça aurait fait plaisir à ton estomac. à la place t'es sortit, t'as fais l'effort de t'essouffler pour aller manger une bouchée. t'aurais pas pensé pouvoir sourire, pas aujourd'hui. sauf que la vue d'un homme que t'admires a vite fait de changer ton humeur, comme par magie. tu t'approches, le cœur qui bat si fort dans ta cage que t'as presque peur de le vomir - sauf que t'as l'habitude de pas bien aller, à la longue ça devient plus facile d'endurer l'mal et l'oublier. « t'as eu raison de venir me voir, alors. ça fait toujours plaisir. » ton sourire d'gamine il grandit, tu serres plus fort la chaise sur laquelle tu prends appuie, autrement, t'essaie d'rester immobile. il te regarde d'un œil curieux, comme s'il s'demandait où bien il aurait pu t'voir avant maintenant. pendant c'temps tu cherches un peu tes mots, tu dois avouer que t'es prise d'court, et si t'as jamais eu d'la difficulté à parler avec des inconnus, t'arrives pas à faire baisser ce sentiment d'fébrilité à la vue de daniel burr. puis, y'a son regard qui s'illumine, et il brise à nouveau l'silence qui a au final, à peine eu l'temps de s'installer. « lola ? la petite pianiste, c'est ça ? » cette fois, ton sourire devient si grand qu'on pourrait presque croire que ton visage va fendre en deux. il se souvient, il se souvient vraiment. « oui, oui c'est bien moi. j'suis touchée que vous vous souvenez, » qu'tu répliques, un mélange de gêne et d'rire dans la voix.« c'est rare d'voir des natifs de rockland se faire un nom dans l'monde, et à défaut d'pouvoir le faire moi-même, j'suis votre carrière avec attention, » qu't'ajoutes rapidement, soudainement excitée de ne pas être une parfaite inconnue pour lui. ça t'touche, touche chaque fois qu'on t'parle de ta musique, du peu que t'as pu faire vivre aux gens avant qu'ton talent et ton rêve te soit brusquement arrachée. ta vie qui s'émiette un fil à la fois, tu vis que pour les petits instants d'bonheur - comme ce moment avec mr. burr.

Lola avait ce sourire radieux que Daniel avait prit l'habitude de voir sur les visages de certaines personnes, à New York. Lorsqu'il sortait du théâtre avec la troupe pour signer quelques autographes, lorsqu'il se rendait aux quelques émissions radios qu'il a fait, ou parfois simplement dans la rue. Il avait toujours eu tendance à chérir ces moments-là. Il savait que tout pouvait très bien s'arrêter du jour au lendemain, pour lui. C'était un peu le cas aujourd'hui, d'ailleurs. Il ne s'attendait pas à revoir ce sourire là, pas à Rockland. Lola lui explique qu'elle suit sa carrière de près, et il sourit un peu plus. Il ne peut pas dire la même chose. Il avait complètement laissé tomber tout le monde, en quittant la ville. Il n'avait plus aucune idée de ce que Lola, ou Charlotte, ou qui que ce soit faisait, maintenant. Il lui fit un léger signe vers la chaise sur laquelle elle s'appuyait depuis le début. — Assieds-toi une minute avec moi. Enfin, sauf si t'es pressée. Mais ça me ferait plaisir que tu restes un peu. Il ne mentait pas. Il se souvenait parfaitement d'elle, de la façon dont elle jouait. Un talent comme ça, ça s'oublie pas. Il avait du mal à croire qu'elle était encore à Rockland, d'ailleurs, et pas dans une école d'art de New York. Elle avait le talent suffisant pour faire Juilliard. C'était du gâchis, de rester ici, dans cette ville petite et sans moyen d'exprimer son talent. Lola méritait d'avoir le monde à ses pieds. — C'est fou comme je me rappelle de la façon si particulière que tu as de jouer. Comme si te voir là, ça me rappelait toute la soirée et toutes les mélodies que tu nous as joué.

autant tu tirais la gueule d'devoir sortir d'la maison pour manger, autant t'es heureuse d'l'avoir fait, finalement. t'avais une chance sur mille de croiser mr. burr dans le coin, et ton sourire sans fin prouve que toutes tes vilaines pensées se sont effacées à sa vue. puis, comme si c'était pas déjà assez bien, il t'fait une proposition impossible à refuser. « assieds-toi une minute avec moi. enfin, sauf si t'es pressée. mais ça me ferait plaisir que tu restes un peu. » avant même qu'il termine de parler t'es déjà installée en face de lui. « la seule presse que j'ai c'est d'me remplir le ventre un peu, autrement, j'ai tout l'temps du monde, » qu'tu dis avec une auréole dans la voix. limite si tu tapes pas dans tes mains comme un phoque pour exprimer ta joie, à la place tu croises les mains sur la table et t'avances un peu pour t'appuyer. s'rapprocher de l'habitant qui est devenu grand, celui qui a décroché des étoiles pour que tout le monde le voit briller. une inspiration, celle qui battait dans tes veines, avant. « c'est fou comme je me rappelle de la façon si particulière que tu as de jouer. comme si te voir là, ça me rappelait toute la soirée et toutes les mélodies que tu nous as joué. » cette fois t'es certaine que t'as l'rouge aux joues, mais t'essaie pas de te dérober, t'as l'regard qui lâche plus l'brun des yeux. t'as pas d'mal à t'souvenir de la soirée qu'il parle, t'y avais mis toute ton âme et ça t'émeut d'voir qu'même lui ça l'a marqué. t'auras peut-être pas la chance de briller fort dans l'ciel des musiciens ayant marqués les cœurs, mais au moins t'auras eu c'moment. y'aura eu une fois où c'est une d'tes idoles qui aura décollé à cause de toi, assez pour s'en souvenir cinq and plus tard. « cette soirée-là a été très importante pour moi, ça m'touche beaucoup c'que vous dites, » qu'tu dis comme pour dire merci, l'émotion figeant doucement les traits d'ton visage. rien d'bien grand, y'a sûrement juste la lumière qui part un peu, parce que ouais ça t'fait plaisir mais ça fait mal en même temps. « j'ai pas eu la chance de revivre d'autres soirées comme ça, ça restera la plus belle d'ma vie, » dis-tu sans perdre toutefois une once d'ton sourire. « vous êtes de retour pour d'bon à rockland vous ou vous venez décrocher un temps? si c'pas indiscret. »